témoignage Triple accélération

Sans innovation, il n’y a pas de réindustrialisation

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Patrick Martin
Président
MEDEF
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Sommaire de l'ouvrage

Le MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) met au cœur de son action la création d'emplois et la croissance durable. Il joue un rôle primordial auprès des autorités et des organisations publiques, pour défendre les intérêts des entreprises et ainsi encourager leur développement dans un contexte technologique, économique, et social en perpétuel mouvement.

Comment aborder l'adoption de l'IA en entreprise ?

Pour que l’accélération amenée par l’IA soit un véritable atout, cela demande un certain nombre de prérequis. D’abord, un travail de compréhension, pour sensibiliser entreprises et salariés à la multitude d’applications où l’IA peut apporter une valeur ajoutée. Ensuite, un effort particulier de formation est nécessaire pour maîtriser et exploiter au maximum les nouvelles technologies. Sans oublier deux conditions essentielles pour faire rimer numérique et souveraineté : le fléchage d’investissements en direction de solutions françaises et européennes mais également la régulation en veillant à ce qu’elle n’empêche pas l’émergence de pépites sur notre territoire. Ainsi, pour faire face à une concurrence internationale accrue et à une conjoncture économique qui se dégrade, pour répondre aussi aux défis de la transition écologique et aux tensions de recrutement, l’accélération digitale et l’adoption de l’IA seront plus que jamais décisives.

Comment le MEDEF soutient les entreprises dans cet enjeu de formation ?

Trop d’entreprises rencontrent encore des difficultés de recrutement. Selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), près de 546 600 emplois étaient vacants au premier trimestre 2024... alors que le chômage se maintient autour de 7,5%. La formation et les compétences sont les clés pour relever le défi du plein emploi qui est, selon moi, la mère de toutes les batailles. Il est donc crucial de transformer l’offre de formation et de l’adapter aux besoins des bassins d’emploi. Nous menons ce travail avec les acteurs du monde économique, en premier lieu desquels les branches professionnelles, pour mieux identifier les métiers d’avenir, les compétences nécessaires et les besoins des entreprises. Aussi, il faut poursuivre les actions en faveur du développement de l’apprentissage – grande réussite collective de ces dernières années – et des lycées professionnels dont la réforme en cours est majeure. Je suis intimement convaincu de la nécessité de rapprocher davantage l’école et l’entreprise. Le MEDEF est déjà très investi dans la découverte des métiers (accueil des stagiaires en seconde, semaine école-entreprise, convention université-entreprise) et le sera encore davantage dans les prochaines années.

Le climat économique est-il favorable à l’innovation en France ?

Sans innovation, il n’y a pas de réindustrialisation, ni de décarbonation et encore moins de souveraineté pour notre pays. Il est de notre responsabilité, à tous, de partager certaines réalités économiques auprès de l’opinion publique, des organisations syndicales, des politiques. Chaque dirigeant et salarié le sait : l’avenir d’une entreprise se joue souvent dans ses investissements et ses innovations. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la stagnation de nos dépenses en recherche et développement en deçà de la moyenne de l’OCDE (2,2 contre 2,7% du PIB) et bien inférieure aux Allemands (3,3%). Il est indispensable de préserver notre instrument principal, le Crédit Impôt Recherche (CIR) et de simplifier massivement les procédures pour favoriser les entreprises et la recherche publique. Face au décrochage structurel de l’Europe, et singulièrement de la France, par rapport aux États-Unis et à la Chine, nous devons transformer l’approche européenne (réforme de la politique de concurrence, achèvement de l’union de marché des capitaux, Buy European & Sustainable Act...) pour devenir une puissance de la recherche et de l’innovation.

L’innovation n’est pas seulement affaire d’investissement : c’est aussi un défi des vocations. Il est urgent de démocratiser et normaliser l’accès aux formations et carrières de la science, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. C’est le travail que nous menons quotidiennement au MEDEF.


Comment voyez-vous les entreprises aborder  la transition écologique ?

Les entreprises soutiennent sans réserve l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Nous assistons à un véritable changement de mentalité des chefs d’entreprise, comme l’illustrent les sondages depuis déjà quelques années. La transition écologique est une des préoccupations premières de nos dirigeants et les opportunités offertes par la croissance responsable sont réelles. Toutefois, cette transition doit se faire de façon juste et compétitive, sans naïveté ! Car produire plus vert, c’est aussi produire plus cher. Les besoins financiers sont colossaux. La décarbonation de l’économie pour les entreprises représente un surinvestissement de plus de 40 milliards par an. La croissance économique n’est pas un obstacle à la transition écologique, elle en est plutôt la condition.

Sans innovation, il n’y a pas de réindustrialisation”

Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération

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