témoignage Triple accélération

Les entreprises qui attirent les plus grands cerveaux prendront plus facilement le virage de l’IA

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Laurent Alexandre
Auteur
Entrepreneur
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Sommaire de l'ouvrage

Spécialiste des sujets sur l’intelligence artificielle, Laurent Alexandre est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La Guerre des intelligences à l’heure de ChatGPT (2023) et Les Robots font-ils l’amour (2016). Il nous partage sa vision de l’impact de l’IA sur l’évolution des métiers mais aussi l’avenir des entreprises.

Quel impact voyez-vous de l’intelligence artificielle sur l’évolution de l’emploi ?

Il y a plusieurs axes de réponse :

1. Le plus important, c'est le “paradoxe de Jevons”, qui correspond à un effet rebond. C'est-à-dire qu'on ait une diminution de la quantité d'emploi par unité de production, mais que la production augmente tellement qu'à la fin, on augmente la quantité de travail humain. La première fois que ce phénomène a été analysé économiquement, cela a été par Jevons dans les années 1850 avec l’effet de la machine à vapeur sur la quantité de charbon consommée. Donc, si on augmente très significativement la production grâce à l'IA, on peut paradoxalement avoir une pénurie de travail humain, par effet Jevons. Et donc, à la fin, on consomme encore plus.
2. Le deuxième axe de réponse est la robotique : est-ce que la robotique va fusionner ou non avec l'IA ? Et, jusqu’où ira l’intelligence des robots ouvriers, au même niveau qu’un polytechnicien ? Ce qui rendrait les travailleurs manuels peu compétitifs ?
3. Ensuite, il s’agit d’un point relevé par un récent rapport du NBER (National Bureau of Economic Research): est-ce que le travail humain peut adresser des tâches de plus en plus complexes ou est-ce qu'il y a un mur ? Et s'il y a un mur, sera-t-on rattrapé par l’IA et quand ? Alors, que si le travail humain peut adresser des tâches de complexité infinie, il  restera éternellement complémentaire de l'intelligence artificielle.

Dans tous les cas, il reste difficile d’anticiper les évolutions sur le travail humain puisque nous ne sommes pas encore en mesure de voir jusqu’où vont aller les évolutions technologiques.

Quelles sont les entreprises qui réussiront à mieux prendre ce virage de l’intelligence artificielle ?

Ce sont les entreprises les plus mobiles, psychologiquement bien sûr, mais surtout qui auront un management intelligent. Les entreprises qui attirent les plus grands cerveaux du monde prendront donc plus facilement ce virage. On voit d’ailleurs, pour les entreprises qui sont le plus directement productrices d'IA, qu’il y a actuellement une guerre démente aux “super cerveaux”, surpayés … La grille salariale chez OpenAI dépasse même les 10 millions de dollars pour les très bons développeurs ! Une des clés du succès consiste donc à attirer ces super cerveaux, même si cela coûte très cher ! C’est enfin, une capacité à insuffler du renouveau, y compris dans les comités exécutifs, avec des profils passionnés par l’intelligence artificielle.

Intelligence artificielle : pour quelle approche de développement faut-il opter ?

Je ne pense pas qu'il faille faire du “développement maison”. Mieux vaut prendre des développements open source et se brancher dessus. Selon moi, “le fine tuning”, où l’on adapte un modèle d’IA avec un nouveau jeu de données n'a pas d’avenir par rapport au “RAG” (génération augmentée de la récupération)., avec une fenêtre contextuelle qui augmente.

Quel conseil donneriez-vous aux dirigeants d'entreprise actuels ?

Formez-vous ! Mais aussi, ne lancez pas de développement important sans connaître avant le sujet ! Il faut d’abord réfléchir à ce que vous pourriez faire, car la technologie évolue trop vite pour lancer des développements importants qui ne seront pas pérennes. Enfin, ne pas avoir les versions les plus récentes des IA génératives comme GPT-4 est  irresponsable …

Enfin, l’IA comme technologie énergivore : mythe ou réalité ?

C'est un faux problème pour deux raisons :  l'IA va représenter une part très importante de la production industrielle, du produit intérieur brut mondial et donc il est logique qu'elle consomme une part significative de l'électricité … D'autre part, pour une même tâche intellectuelle, le MIT a montré que l'IA émet entre 130 et 2900 fois moins de CO2 que les humains …. Le sujet est plutôt sur le problème écologique de l'électricité et comment on la fabrique ? Quand on la fabrique avec du nucléaire qui émet presque 0 g de CO2 au kWh, vs du charbon à 1000 g de CO2/ kWh: ce n’est pas du tout le même résultat …

Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération

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