témoignage Triple accélération

La supply chain et la logistique sont devenues vitales pour assurer le succès des entreprises

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Hadi Zablit
Chief Information & Technology Officer
CMA CGM
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Sommaire de l'ouvrage

Présente dans plus de 160 pays et dotée d’une flotte de 620 navires, la CMA-CGM, spécialisée dans le transport de marchandises, a mis sa stratégie data au service de ses enjeux business et de ses engagements durables.

Comment votre stratégie data permet d’optimiser la logistique et votre engagement durable ?

Aujourd’hui, collecter et analyser des données nous permet de servir trois niveaux dans notre logistique multimodale :
• Le stratégique, avec une optimisation de l’allocation de la flotte : quel type d’actif louer, comment... La data participe à modéliser plus facilement et rapidement plusieurs scénarios afin d’identifier celui qui est le plus profitable.
• La planification, qui est le prisme le plus avancé, et qui consiste à optimiser le choix de la route en fonction de différents éléments (durée, coût, empreinte carbone*). Une approche qui se fait sur nos actifs mais aussi sur celui des autres en récupérant des données externes telle que l’émission de CO2, toujours dans l’optique de réduire notre empreinte écologique.
• L’exécution opérationnelle, où l’objectif est de constamment améliorer le rendement et l’efficacité. Sur les bateaux, par exemple, on va chercher des données très précises, comme la vitesse par rapport au carburant utilisé, l’utilisation du moteur... Tous ces paramètres vont ensuite permettre aux équipes d’ajuster à la fois la navigation (utilisation des courants marins, réduction de 25% de la vitesse des bateaux sur les sept dernières années...) mais aussi les process d’entretien (définition du moment optimum pour nettoyer la coque, etc.). Autre exemple, nous avons diminué le taux de remplissage des camions.


Auriez-vous d’autres exemples de données collectées qui se transforment en insights opérationnels pour les équipes ?

Sur l’activité maritime notamment, on est en effet à ce niveau de granularité, pour rendre la data collectée « utile » avec des recommandations concrètes transmises au capitaine de bord. Par exemple, lorsqu’un bateau navigue d’un port à un autre, certains éléments contribuent à une plus grande consommation de carburant comme le temps d’attente si le port n’est pas prêt.
Ainsi, même si on parle de deux heures sur un trajet de dix jours, ce temps est consommateur de CO2. C’est pourquoi nous cherchons à mieux planifier, en mettant à jour la trajectoire des bateaux toutes les quatre heures. Enfin, un autre cas d’usage est celui de l’optimisation de l’utilisation des générateurs d’électricité au « juste nécessaire ».

Comment s’assurer d’une bonne fiabilité des données  ?

La qualité des données et leur gouvernance sont des sujets primordiaux pour nous, sur lesquels nous montons progressivement en compétence. On s’assure dans un premier temps que le socle data est « propre » : quelle est la source de collecte de données ? Celle-ci est-elle fiable dans la durée ? Va-t-elle être maintenue pour garantir les modèles déployés ? Cela permet notamment de définir des process quant aux données récupérées via l’IoT* et quelles sont les règles de maintenance des capteurs.
Il est ensuite possible de déployer un modèle d’utilisation des données collectées. Pour cela, nous avons créé un département de data gouvernance et déployé un dispositif pédagogique pour sensibiliser les métiers : quelles sont les bonnes pratiques, les règles de gestion, de la production de data à l’utilisation...

Comment développer une culture Data auprès de l’ensemble des collaborateurs ?

Il est nécessaire aujourd’hui que l’ensemble des métiers comprennent l’impact que peut avoir la data sur leur performance. C’est pourquoi nous avons déployé un outil de formation, Tangram, pour sensibiliser les métiers à l’importance de la data. Ainsi, nous avançons en parallèle sur la formation des équipes, le déploiement d’outils et la gouvernance des donnée.

Quelle est votre stratégie en matière de cybersécurité ?

CMA-CGM a subi une cyberattaque massive en 2020, ce qui a nécessité de renforcer notre système de protection et de prendre conscience qu’il est nécessaire d’être proactif, dans une logique de détection préventive et de continuellement investir face à des méthodes de hacking de plus en plus sophistiquées. Notre équipe dédiée à la cybersécurité s’occupe aujourd’hui de surveiller l’ensemble des surfaces d’attaque possibles, y compris nos bateaux puisque ces derniers sont désormais des bateaux connectés, générateurs de data et donc la cible potentiel d’attaques malveillantes. De plus, il est aussi nécessaire de sensibiliser aussi l’ensemble de nos collaborateurs aux bonnes pratiques.

Transport maritime, terrestre, ou aérien, quelles sont les perspectives d’évolution de ce mix multi-modal ?

Le maritime représente aujourd’hui 90% du volume des transports de marchandises pour le commerce mondial et reste très efficient en termes de coûts/émission de CO2 par rapport aux autres modes de transport. Ce qui va changer, c’est peut-être plus de petits trajets régionaux qu’intercontinentaux.

“Au niveau de la logistique, la data vient alimenter trois niveaux : la stratégie, la planification et l'exécution opérationnelle”

Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération

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