Quelle est l’histoire de La French Tech et où en est-elle ?
Nous avons célébré nos 10 ans en 2023, ce qui a donné l’occasion de mettre en lumière tout le chemin parcouru par la French Tech. En 2013, notre objectif était de faire naître un écosystème de start-up françaises, prenant racine sur l’ensemble du territoire et visible à l’international. Nous avons réussi ! Notre coq rouge est désormais bien connu de toutes et de tous, et on nous l’envie ! Nous avons gagné la confiance des investisseurs privés et publics, qui ont engagé 5 fois plus de montants dans la French Tech qu’auparavant. En 2019, nous avions 3 licornes, et le chiffre n’a cessé de progresser car fin 2023, nous en comptions 32. L’objectif est de compter 25 licornes en 2025. Avec les 25 000 start-up composant l’écosystème, ce sont plus d’1 million d’emplois directs et indirects créés. Motrice de l’économie, la French Tech est également intégrée dans les usages des Françaises et des Français : 2/3 utilisent une fois par mois les solutions de nos start-up, tant dans la vie quotidienne des particuliers avec Doctolib ou BlaBlaCar, que celle des professionnels avec Qonto, Swile, Pigment... D’ailleurs, nos start-up ne sont plus seulement numériques comme les critiques le rapportaient. Dorénavant la French Tech comprend des producteurs industriels (Verkor, Exotec...) des laboratoires de l’innovation médicale (Dental Monitoring, CorWave...), du spatial (Loft Orbital Solutions...) et bien plus encore.
En dix ans, le profil des start-up a changé, quel est-il aujourd’hui ?
L’écosystème est plus mature, a prouvé sa résilience*, et l’heure n’est plus uniquement à la recherche du financement mais davantage à celle de la rentabilité. La preuve en est, nous ne sommes plus concentrés sur Paris comme on pouvait s’y attendre : 67% de nos start-up industrielles sont localisées en dehors de l’Île-de-France, les régions jouent un rôle essentiel dans le développement de la French Tech. La Mission French Tech agit, conjointement avec le SGPI* et Bpifrance, à travers le programme French Tech 2030. Ce dernier accompagne la nouvelle génération de start-up à fort contenu technologique qui composera l’économie de demain sur les secteurs stratégiques pour assurer la compétitivité et la souveraineté de la France dans la lignée du plan France 2030. De fait, 69% des membres du programme comptent développer des usines.
Quels sont les grands chantiers digitaux à venir de la French Tech ?
Notre rôle au sein de la transformation digitale prend tout son sens par l’accompagnement des grands groupes, ETI, PME et TPE dans la mise en place et la maîtrise des nouvelles solutions technologiques. Je prends en exemple Qonto, banque en ligne spécialisée dans les prestations pour entreprises, et Contentsquare, dont les services sur les données utilisateur facilitent la maîtrise des sites internet. Aujourd’hui, il est fort à parier que cet accompagnement sera d’autant plus demandé par les entreprises avec l’arrivée des IA. Et c’est là que les start-up French Tech comme Mistral AI, leader européen de l’IA, et Shift Technology, spécialisée en décision d’assurance, nos deux licornes en intelligence artificielle, pourront venir en aide. D’autres start-up viennent également à l’esprit, comme White Labs, Dust, ou dans une moindre mesure Ecovadis et Le Hibou qui appliquent l’IA à leurs services. L’accélération de l’IA est, de fait, le nouveau défi auquel font face les entreprises, redéfinissant leurs enjeux de transformation. Nous pouvons être optimistes quant à la capacité de la France à répondre au défi de transformation de son tissu économique.
Et concernant la transformation durable ?
De 2020 à 2021, les GreenTech ont connu +210% de levées de fonds, et ont vécu une progression de 30% des levées pendant l’année 2022, avec près de 2,7 milliards d’euros levés en 2023. Nous accompagnons dans ce cadre de croissance accélérée des start-up de la GreenTech, représentant 38% de la promotion du French Tech 2030, comme Tiamat, qui fabrique des batteries au sodium, ou Elixir Aircraft qui conçoit des avion bas carbone, par exemple.
Quels sont les enjeux de la transformation organisationnels de la tech ?
Un des défis majeurs de la French Tech reste le sujet de la parité. Nous avons enclenché le travail, mais le chemin reste encore long. Cet élément est un point clé sur lequel transitionner sur le plan organisationnel : seulement 1 salarié sur 5 est une femme dans les start-up et entreprises innovantes. L’enjeu est évidemment sociétal, pour des questions de justice, mais également économique. Si l’Europe pouvait doubler la part des femmes dans la main- d’œuvre technologique pour atteindre environ 45 % d’ici 2027, elle pourrait augmenter son PIB de 260 à 600 milliards d’euros.
“Avec les 25 000 start-up composant l’écosystème, ce sont plus d’1 million d’emplois directs et indirects créés”
Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération