

Sommaire de l'ouvrage

En quoi les transformations digitale et environnementale convergent ?
Je constate que le développement durable s’est considérablement complexifié. Il englobe désormais de nombreux enjeux liés à la gestion des données, au reporting, et à cette dimension de transformation digitale. Chez Mondelēz International, nous avons développé plusieurs programmes sur la partie ingrédients : « Harmony », concernant le blé en Europe et qui existe depuis plus de quinze ans, ou encore « Cocoa Life », un programme de développement durable sur le cacao créé il y a onze ans. Ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons vraiment à long terme. Sur le programme Cocoa Life, nous appliquons par exemple des technologies de cartographie agricole et des techniques d’agroforesterie pour suivre les progrès accomplis.
Comment Mondelēz International planifie l'évolution de ses pratiques industrielles pour répondre aux enjeux durables ?
Plusieurs projets sont en cours, et nous venons de soumettre notre feuille de route SBTI concernant la réduction de nos émissions au niveau global. Ce processus s'accompagne de plans assez détaillés sur la manière de faire évoluer nos scopes 1, 2, et 3. Un exemple concret est notre projet de conversion de tous nos sites de production à l'énergie électrique, pour servir notre ambition Net Zéro à l'horizon 2050.
De plus, dans notre scope 3, une énorme partie concerne les ingrédients, ce qui implique de remonter la chaîne d'approvisionnement jusqu'à l'amont agricole. Environ deux tiers de notre impact carbone sont liés à nos matières premières, principalement le cacao, le lait, le blé et l'huile de palme, ce qui nous amène à travailler sur des programmes d'agriculture régénératrice, tels qu’“Harmony”, évoqué précédemment.
La coalition est-elle une force face à ces défis d’évolution des pratiques ?
Grâce au Consumer Goods Forum (CGF) par exemple, qui regroupe près de 400 PDG de la grande consommation et de la distribution, nous collaborons avec les autres entreprises membres via des « Coalitions of Action » : leaders et experts se réunissent en groupes de travail pour définir une ambition et des solutions communes. Par exemple autour de thèmes comme « Forest Positive » pour œuvrer à un approvisionnement sans déforestation sur l’huile de palme, le soja ou le papier. C’est une approche pertinente pour nos activités, à la fois pour répondre aux futures obligations de réglementation, et pour contribuer à la réduction des émissions carbone. C’est le type de collaboration que nous valorisons, qui permet de travailler avec nos clients et avec nos fournisseurs. Nous travaillons ensemble car nous savons que nous dépendons les uns des autres pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique.
Comment la dimension du développement durable est-elle intégrée d’un point de vue organisationnel ?
Concernant l'aspect organisationnel, la progression se traduit par la mise en place d’une direction RSE et davantage de ressources dédiées à ces sujets. Toutefois, ajouter des ressources est une chose, mais intégrer pleinement la dimension du développement durable dans l'organisation de manière cohérente en est une autre .. Il est essentiel que chacun ait un rôle à jouer, mais de façon orchestrée et collective plutôt qu’en silos.
Comment sensibilisez-vous vos collaborateurs ?
Le développement durable est l’un des piliers de notre stratégie, et nous travaillons à en faire un élément de culture interne. Par exemple, à l’échelle locale, nous avons déployé la Fresque du Climat auprès de nombreux collaborateurs, en formant certains d’entre eux pour qu’ils deviennent des relais. Nous essayons de cultiver le présent, afin de générer du futur ! Nous le faisons également à l’échelle mondiale, où nous avons organisé en 2023 la « Green Week », avec des sessions mondiales qui ont rassemblé environ 10 000 collaborateurs connectés lors de formats d’une heure pour approfondir des sujets tels que le climat, l’emballage, le reporting et les ingrédients. Nous avons également organisé des approfondissements plus spécifiques par région, et des sessions en langue locale pour impliquer le plus grand nombre de collaborateurs possible.
Et comment cela se traduit-il en termes de communication corporate ?
Au niveau corporate, nous sommes focalisés sur la "preuve". Nous suivons de manière très précise tous nos progrès et communiquons de façon transparente et complète sur nos indicateurs, via un rapport annuel mondial « Snacking Made Right »
Au niveau des marques, je pense que nous avons fait évoluer notre communication, pour nous concentrer davantage sur l'action et la preuve. Nos équipes juridiques sont partenaires au quotidien dans le développement de nos actions et de nos communications, et nous formons nos équipes marketing en conséquence.
Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération