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The Shift Project : le rôle des producteurs fossiles qui se diversifient dans les énergies renouvelables et décarbonées

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The Shift Project : le rôle des producteurs fossiles qui se diversifient dans les énergies renouvelables et décarbonées

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L’industrie pétrolière et gazière laisse dubitative quant aux enjeux climatiques, pourtant, notre économie est celle des hydrocarbures. Comment entamer une transition convenable dans une ère que l’on pourrait qualifier d’Homo Petroleum comme l’identifie Matthieu Auzanneau dans son ouvrage Or Noir. C’est en personne que Matthieu Auzanneau, Directeur chez The Shift Project évoque les limites de la production de pétrole au Sustainable Energies Forum.

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The Shift Project est une association de la loi 1901 qui a pour vocation de pousser à la transition énergétique. Pour ce faire, elle produit des rapports et en s’efforçant de faire valoir les intérêts, les conclusions de ces rapports auprès des décideurs. Le but est d’éclairer les voies vers une transition pratique : comment se débarrasser des énergies fossiles ?

Les industries pétrolières s’intéressent aux objectifs de neutralité carbone

Récemment, les majors pétrolières se sont engagées à sortir du pétrole, changer de métier d’ici; une génération mais pour quelle raison ? Les entreprises pétrolières tendent à se diversifier. C’est une pratique qui a débuté avec Repsol, compagnie espagnole et l’ENI, grande compagnie pétrolière et gazière italienne dès 2019. Ces dernières ont été suivies par les trois majors historiques BP, Shell et Total qui ont annoncé, en 2021, vouloir atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.

D’après Matthieu Auzanneau, Directeur chez The Shift Project, la raison qui pousse ces entreprises à viser de nouveaux objectifs en se diversifiant résulte en partie d’une pression symbolique. Pour l’illustrer, il donne l’exemple de Shell ayant fait l’objet d’une action en justice au Pays-Bas, pays d’origine de la Royal Deutsh Shell, condamnant Shell à s’aligner sur les objectifs de décarbonation des Pays-Bas.

L’exemple de Total et de ses objectifs de transition vers l’électricité

Matthieu Auzanneau présente un état des lieux de Total afin d’établir un lien ou non entre le climat et les raisons pour lesquelles les pétroliers songent à sortir du pétrole. 

La branche production d’électricité de Total Energie(s) appele «Integrated Gas, Renewables & Power», se retrouve dans le résultat opérationnel marginal de Total. Bien qu’en forte progression, cela ne représente que 6% des revenus de Total, mais une grande part des investissements. Ces derniers s’élèvent à ⅓ des investissements net de l’entreprise. L’effort est louable, cependant Total reste essentiellement un marchand de pétrole.

Si on zoom un peu sur ce segment électricité, il faut quand même rappeler qu’il y a une production d’électricité qui est de 14 TWh (térawatt-heure), ce qui est petit si l’on compare à EDF qui est à plus de 500 TWh. Et la part de renouvelables dans cette production d’électricité de Total elle-même est assez faible, bien qu’en progression, avec 4 TWh sur 14 produits à mettre en balance avec les 60 TWh des barrages, de l’éolien... 

- Matthieu Auzanneau, Directeur (The Shift Project)

Finalement, Total demeure dévolue à la production d’hydrocarbures. 

Quelle motivation pousse à un changement stratégique de cet ordre ?

Compte tenu de la demande du côté des stations, il est compliqué de blâmer uniquement les pétroliers. Qu’est-ce qui les mène à une telle transition ? La contrainte climatique ou le pic pétrolier ?

The Shift Project s’intéresse principalement aux limites physiques de la croissance et fait un état des lieux des capacités de production du pétrole. Un sujet qui ne ravit pas les patrons d’entreprises pétrolières étant donné la difficulté à trouver du pétrole conventionnel depuis un demi-siècle. D’autant plus lorsque l’on sait qu’aujourd’hui, les capacités technologiques déployées pour le pétrole sont extrêmement sophistiquées en géophysique. Les limites physiques d’extraction de cet “or noir” sont au final une aubaine dans la course pour limiter l’impact climatique.

D’après les dires de la directrice de la stratégie de Total, que reprend Matthieu Auzanneau, il manquerait 10 Mb/j (millions de barils / jours) de pétrole à l’horizon 2025, soit un dixième de la production de Total. Au final, cette transition ne concerne pas tellement le climat mais retranscrit plutôt une difficulté à reconstituer la capacité de production.

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